Crayons et Kalachnikovs

Ma journée avait commencé très classiquement. Je me suis levé un peu plus tôt, j'ai lu une bande dessinée des Chroniques De La Lune Noire puis je suis partie travailler.

La matinée a été très ordinaire, j'ai eu quelques élèves calmes. C'est en sortant à midi que les choses ont changé. A peine assis dans ma voiture, j'entends à la radio qu'il y a des tirs dans les locaux de Charlie Hebdo. Un dessinateur parle de victimes, des vidéos circulent sur les réseaux sociaux. C'est inquiètant, mais au fond de moi, je me dis que ce n'ai pas si grave, que c'est juste de l'emballement médiatique, qu'il faut attendre les vrais informations.

Pas plus curieux que cela, je me prépare un repas : quenelle de lyon avec un sauce au munster, qui va empuantir ma demeure pour quelques jours. Je regarde un épisode de Star Trek en mangeant. Un livreur vient m'apporter une commande de bandes dessinées. A 14h, je dois repartir, je dois aller régler mes dettes dans un hopital.

A nouveau, la radio livrent ses informations: les décès de Charb, Wolinski, Cabu et Tignous sont annoncés. La claque... J'ai du palir à ce moment là. J'avais mal au bide. Soyons clair, je ne suis pas abonné à Charlie Hebdo et je l'achète très rarement,mais je le lis avec joie, comme Le Canard Enchainé. Par contre, dans mon adolescence, je vouais un culte sans faille à Hara Kiri, que je n'avais pas le droit de lire mais qu'un ami me prétait de temps en temps. Je ne suis pas familier de l'oeuvre de Charb (que j'ai découvert à cause d'une anecdote cocasse arrivé à mon ami Tony Beaufils) mais pour moi, Wolinski, c'est quelqu'un qui a toujours été là, j'ai vu des centaines de dessins de lui. Cabu, c'est mon enfance lorsque, un crayon à la main, j'essayé d'assimiler ses cours de dessin dans RécréA2 et Tignous, finalement, c'est le mec qui a illustré deux jeux de rôle que j'ai massivement joué dans mon adolescence: Rêves de Dragon et MEGA I.

Après mon passage à l'hopital, je suis allé à la gare et j'ai voulu acheter Charlie Hebdo, déjà épuisé. J'ai discuté un peu avec le buraliste, lui-même sous le choc. Je suis rentré chez moi et j'ai fait ce que je ne fais jamais : j'ai allumé la télévision. J'ai mis BFMTV et j'ai suivi les developpements. Mon père est passé me faire signer des papiers et m'amener des affaires, je n'ai pas vraiment décrocher de l'écran.

Après son départ, j'ai pris mon appareil photo, quelques bougies et mon ours en peluche et je suis allé au rassemblement à Metz. Je suis arrivé sur la fin, j'ai croisé quelques amis, la plupart des profs ou des étudiants. Les gens partaient déjà. Je suis reparti aussi.

Je suis rentré, j'ai mangé des restes, j'ai regardé une nouvelle série stupide, The Librarian, avec un bibliothécaire qui pourchasse des artefact magique. Bizarement, j'ai trouvé cela ironique, une série où les héros sont des intellos qui utilisent leurs connaissances pour combattre le mal.

J'ai suivi un peu les réseaux sociaux, j'ai discuté un peu avec Chloé sur le net et je me suis rendu compte qu'il était déjà 1h du matin.

Je suis allé me coucher, j'ai lu. Je suis triste.

A la mémoire des 12 victimes de la bétise humaine.

Ghislain